Yom Kippour, jour du Grand Pardon et de l’expiation est célébré le 10 du mois de Tishri, soit huit jours après la fin du nouvel an (Roch haChana). Il marque le terme d’une période de quarante jours de repentir, rappelant la pénitence des enfants d’Israël quand Moïse recevait les Tables de la Loi ; les fidèles implorent le pardon de Dieu comme ils l’ont imploré après avoir adoré le Veau d’or. C’est le jour le plus saint du calendrier.
Appelé le shabbat des shabbats, il est consacré au jeûne total et au recueillement. La journée est ponctuée par une série de prières pour implorer le pardon de Dieu et s’achève par un grand repas de rupture du jeûne.
La fête de Kippour se célèbre cette année 2021
(5782 du calendrier hébraïque)
le jeudi 16 septembre,
(mais comme toutes les fêtes juives
Kippour commence la veille au soir, mercredi 15).
« Le 10 de ce septième mois,qui est le Jour du Grand Pardon, vous tiendrez une réunion sacrée, vous jeûnerez, et vous présenterez un mets consumé au Seigneur; vous ne ferez aucun travail en ce jour précis, car c’est un jour de Grand Pardon, où se fait sur vous le rite de l’absolution devant le Seigneur votre D.ieu.. Vous ne ferez aucun travail : c’est une loi immuable pour vous d’âge en âge, où que vous habitiez… Depuis le 9 du mois au soir jusqu’au lendemain soir, vous observerez ce repos sabbatique. » (Lv 23, 27…32)
Même les juifs qui sont peu ou pas du tout observants respectent ce jour, en chômant et souvent en jeûnant.
Car Kippour est un jour de jeûne consacré à la prière et à la repentance (25 heures en tout).
Pendant cette journée, les fidèles se réunissent à la synagogue pour prier en demandant pardon pour les péchés commis lors de l’année écoulée. Pardon envers D.ieu mais également envers son prochain.
Dans le mois d’Eloul, qui précède Kippour, chacun doit tout mettre en oeuvre pour se réconcilier avec son prochain, car seules les fautes envers D.ieu pourront être absoutes le jour de Kippour.
Une des pièces les plus populaires de la liturgie de Kippour est la prière du
Kol Nidre (judéo-araméen כָּל נִדְרֵי « Tous les vœux ».
C’est une prière d’annulation publique des vœux. Déclamée trois fois en présence de trois notables à la synagogue, elle ouvre l’office du soir de Yom Kippour.
Introduite dans le rituel de prières en dépit de l’opposition d’influentes autorités, attaquée au cours du temps par d’éminentes autorités médiévales, expurgée des livres de prière de nombreuses communautés progressistes au XIXe siècle, cette prière fut de surcroît souvent produite hors de son contexte par des antisémites comme preuve de la fourberie des Juifs.
En voici une traduction : « Que tous les vœux, les interdits personnels et collectifs, les serments et choses équivalentes que nous aurions formulés et contractés, toutes les promesses et tous les engagements que nous aurions faits et pris devant Dieu, à compter de la date de ce Yom Kippour-ci et jusqu’au Yom Kippour à venir, nous les rétractons ci-devant, qu’ils soient nuls et non avenus, puisque nous ne sommes pas assurés de les tenir. Nos vœux ne sont plus des vœux, nos engagements ne sont plus des engagements, nos serments ne sont plus des serments. L’Officiant et l’Assemblée :
« Et que soient pardonnés toute l’assemblée du peuple d’Israël ainsi que l’étranger qui réside parmi eux, car chacun d’eux a agi par inadvertance » (Nombres 15,26).
En fait, il ne s’agit pas des voeux formulés envers les autres, mais envers soi-même, les engagements inconsidérés que l’on aurait pu prendre pour soi-même. Il ne s’agit pas des devoirs citoyens ou des serments prononcés devant des tribunaux civils.
Aujourd’hui ce chant est presque devenu le symbole de Kippour.
En voici une version chantée par Charles K.L. Davis.
https://www.youtube.com/watch?v=h2E6R0jqIn4
A propos du mot « kippour »
« Le verbe k.p.r signifie « couvrir ».
Nous le rencontrons la première fois
lorsque l’Eternel demande à Noé à propos de l’arche :
« Tu la recouvriras à l’intérieur et à l’extérieur par de la poix. » (Gn 6,14).
Parmi les éléments du sanctuaire portatif du désert,
la Bible fait mention du kaporeth, traduit par « propitiatoire »
qui était le couvercle posé sur l’Arche d’Alliance
qui contenait les Tables de la loi (Ex 25,17).
Kippour est lié au recouvrement,
comme lorsqu’on parle du recouvrement d’une dette;
Le concept de recouvrement implique ainsi un acte positif
de rassemblement de souvenirs à effacer et de conduites à corriger
plutôt qu’une simple occultation liée à l’oubli.
Seul le travail de mémoire peut engendrer l’expiation,
et donc la revirginisation de la conscience morale
et de la ferveur religieuse. »
(Ph. Haddad : « Pour expliquer le judaïsme à mes amis » pp. 127-128)
Pour approfondir
Le site de l’AJCF nationale propose toute une page autour du Kol Nidré (tous les voeux), une des prières les plus populaires de la liturgie juive :
http://www.ajcf.fr/spip.php?article 558
Akadem, le campus numérique juif ne manque pas de conférences qui vous aideront
à retrouver le sens de ce rendez-vous annuel ou à en découvrir la signification :
En voici une, de Claude Riveline : A’harei Mot : de Kipour à Pessa’h
et une autre de Tamar Schwartz : Yom Kippour, qui pardonne quoi ?
Mais aussi :
une conférence de Claude Riveline, sur Kippour et souccot, de la joie à la joie