[Nous reprenons volontiers aujourd’hui, tant le sujet nous paraît important, un article, avec quelques ajouts, sur la circoncision de Jésus, que nous avons déjà publié jadis.]
En ce début d’année, jusqu’en 1974, l’Eglise catholique romaine célébrait la fête de la Circoncision de Jésus, jusqu’au jour où le pape Paul VI la remplaça par la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu.
L’année commence donc par une fête de Marie et non pas par celle de la circoncision d’un petit enfant juif, acte qui inscrivait bien cet enfant dans l’Alliance avec Dieu ! Belle occasion manquée d’insister sur la judéité de Jésus, de rappeler que Jésus était juif et que, comme tout enfant juif, il a été circoncis le huitième jour. Certains rites orientaux (orthodoxes) ont heureusement conservé cette fête au début de janvier.
Curieusement, l’évangile retenu pour ce 1er janvier, fête de Marie, est le passage de Luc, 2,16-21, qui se termine par : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception« .
Et pourtant, quel est est le prêtre ou le diacre qui dans son homélie du jour aura fait, ne serait-ce qu’une allusion à la circoncision qui insérait l’enfant Jésus dans le peuple de l’Alliance ?
Alors, qu’il nous soit permis de partager le coup de colère de René Guyon, en 2014, sur le blog « Garrigues et sentiers » (blog que nous vous recommendons chaleureusement, et que nous remercions)…
L’article commence ainsi :
« Chers amis Internautes, si j’écris aujourd’hui cet article c’est parce qu’en ouvrant mon mensuel Magnificat je viens d’être pris soudain d’une sainte colère à la vue d’un fait que j’avais oublié. Le voici…
Le 1er janvier, soit 8 jours après Noël dans le décompte ancien, l’Église Catholique Romaine célébrait jusqu’en 1974 la fête de la Circoncision de Jésus. Hélas, trois fois hélas, le pape Paul VI la remplaça alors par la célébration de Sainte Marie, Mère de Dieu .
Exit la manifestation fondamentale de la judéité de Jésus au profit d’une énième fête de la Vierge…
Pourtant, Luc (seul évangéliste à le faire, hélas !) écrit dans son Évangile : « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception », car les juifs ne donnaient – et ne donnent aujourd’hui encore – le nom à leur fils qu’au bout de ce délai de huit jours.
Paul de Tarse (saint Paul), juif aussi, parle plusieurs fois de la circoncision, sujet délicat et fort débattu dans les premiers temps de ce qui n’était pas encore l’Église, où les premiers païens convertis se faisaient circoncire. Il développe en particulier le concept de circoncision du cœur (Romains 2,29), mais il « clôt le débat » avec sa proclamation magnifique (Colossiens 3,11) : « Là, il n’est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe, d’esclave, d’homme libre ; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tout. » …
Mais c’est tout le texte de René Guyon qu’il faut lire : ici sur « Garrigues et sentiers ». Cela en vaut la peine.
Pour en savoir plus, vous pourrez aussi vous rendre à cette adresse, sur le site de l’Amitié Judéo-chrétienne de France, où trois auteurs reviennent sur le sujet : Michel Remaud, Jean-Pierre Sonnet (avec le rabbin Dvid Meyer) et René Guyon, précisément, allant jusqu’à demander, pour certains exégètes, que l’on revienne sur cette décision.
Ajoutons, pour cette année, une « clé de lecture » sur la circoncision, que nous propose Roselyne Dupont-Roc, bibliste, dans le mensuel « Prions en Eglise » de janvier 2021 :
« Luc rapporte par un récit ce que Paul rassemble dans une formule dense : « Né d’une femme et soumis à la Loi. » Jésus, le Fils envoyé de Dieu, a vécu pleinement notre humanité et il l’a vécue dans la particularité du peuple de la promesse, un Juif parmi les siens, circoncis le huitième jour selon la Loi de Moïse. Comme l’annonçait déjà le livre des Nombres : le Seigneur a fait briller sur lui son visage. Nous devons méditer cet ancrage du dessein de Dieu dans l’histoire. Pour atteindre l’humanité tout entière dans sa diversité et sa richesse, dans les chemins religieux divers qui conduisent chacun en quête de la vérité d’un amour qui se donne à tous, il a choisi de se communiquer pleinement à nous dans l’aventure inouïe du peuple d’Israël. »
En ce 2 janvier, nous ne voulons pas vous quitter sans vous souhaiter une excellente année 2O21, malgré le virus, qui va bien finir par nous laisser tranquilles, nous l’espérons,… une année pleine de rencontres, de convivialité, de découvertes.