En ce début d’année, et surtout en ce dimanche premier janvier, nous avons été plusieurs de l’AJC Nantes à éprouver un certain sentiment de colère en participant à la célébration dominicale de la messe en l’honneur de « Sainte Marie, Mère de Dieu », selon l’intitulé du calendrier liturgique.
Pourquoi donc cette colère ? Tout simplement parce que jadis, le premier janvier on célébrait la fête de la Circoncision de Jésus et que depuis quarante ans l’Eglise catholique a décidé de supprimer cette fête et de la remplacer par une fête de la Vierge Marie. Une de plus ! L’année commence donc par une fête de Marie et non pas par celle de la circoncision d’un petit enfant juif, acte qui inscrivait bien cet enfant dans l’Alliance avec Dieu ! Belle occasion manquée d’insister sur la judéité de Jésus, de rappeler que Jésus était juif et que, comme tout enfant juif, il a été circoncis le huitième jour. Certains rites orientaux (orthodoxes) ont heureusement conservé cette fête au début de janvier.
Curieusement, l’évangile retenu pour ce dimanche, fête de Marie, est le passage de Luc, 2,16-21, qui se termine par : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception« .
Et pourtant,quel est est le prêtre ou le diacre qui dans son homélie de dimanche dernier aura fait, ne serait-ce qu’une allusion à la circoncision qui insérait l’enfant Jésus dans le peuple de l’Alliance ?
Alors il nous a semblé bon de nous joindre au coup de colère de René Guyon, en 2014, sur le blog « Garrigues et sentiers » (site que nous vous recommendons chaleureusement, et que nous remercions)..
L’article commence ainsi :
« Chers amis Internautes, si j’écris aujourd’hui cet article c’est parce qu’en ouvrant mon mensuel Magnificat je viens d’être pris soudain d’une sainte colère à la vue d’un fait que j’avais oublié. Le voici…
Le 1er janvier, soit 8 jours après Noël dans le décompte ancien, l’Église Catholique Romaine célébrait jusqu’en 1974 la fête de la Circoncision de Jésus. Hélas, trois fois hélas, le pape Paul VI la remplaça alors par la célébration de Sainte Marie, Mère de Dieu 1.
Exit la manifestation fondamentale de la judéité de Jésus au profit d’une énième fête de la Vierge… 2
Pourtant, Luc (seul évangéliste à le faire, hélas !) écrit dans son Évangile : « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception », car les juifs ne donnaient – et ne donnent aujourd’hui encore – le nom à leur fils qu’au bout de ce délai de huit jours.
Paul de Tarse (saint Paul), juif aussi, parle plusieurs fois de la circoncision, sujet délicat et fort débattu dans les premiers temps de ce qui n’était pas encore l’Église, où les premiers païens convertis se faisaient circoncire. Il développe en particulier le concept de circoncision du cœur (Romains 2,29), mais il « clôt le débat » avec sa proclamation magnifique (Colossiens 3,11) : « Là, il n’est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe, d’esclave, d’homme libre ; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tout. » …
Mais c’est tout le texte de René Guyon qu’il faut lire : ici sur « Garrigues et sentiers ». Cela en vaut la peine.
Pour en savoir plus, vous pourrez aussi vous rendre à cette adresse, sur le site de l’Amitié Judéo-chrétienne de France.