Dialogue judéo-chrétien – A propos du Calendrier hébraïque

Nous vous proposons un article déjà paru sur ce blog, mais qu’il n’est pas inutile de se remettre en mémoire.

Depuis le Concile Vatican II, les chrétiens, certains en tout cas, ont tendance à penser que le dialogue entre juifs et chrétiens n’avance pas assez vite. Et c’est compréhensible, après tant d’année d’incompréhension et de mépris.

Et pourtant les choses avancent. Qui aurait imaginé il y a quelques années, trouver dans un bulletin paroissial catholique, de Nantes en l’occurence, la présentation des fêtes juives de Tichri et du calendrier des fêtes juives ?

C’était en 2018 à cette même époque. Nous reproduisons ici cet article, avec la permission de l’auteur : le Père Hubert Vallet, qui était à l’époque curé de la paroisse St Jean-Paul II.

« Un autre calendrier

Dans le flot des informations quotidiennes de toutes sortes, nous n’avons peut-être pas su que nos frères juifs, frères aînés dans la foi, viennent de passer quelques jours parmi les plus importants de leur année.

En effet, les juifs – et les chrétiens après eux, quoiqu’un peu différemment – rythment l’année par des fêtes religieuses qui sanctifient le temps.

Dieu adresse à son Peuple des « convocations saintes » pour le rencontrer, pour célébrer au milieu de lui Ses bienfaits et bénédictions. Ce cycle annuel commence toujours en automne ; ainsi, depuis le 21 septembre dernier, date de la nouvelle lune, [10 septembre cette année] nous sommes entrés dans l’an juif 5778 [5779 en 2018] (car les années sont comptées à partir de la date symbolique du début du monde d’après la Genèse). C’était la fête du Nouvel An, Roch haChana (« tête de l’année »). Elle est d’une part l’occasion d’entendre le son du chofar, sorte de trompe faite à partir d’une corne de bélier, qui rappelle le bélier qu’Abraham offrit à la place de son fils ; le juif fidèle écoute les sons alternativement violents, plaintifs et stridents qui le secouent de sa torpeur et l’incitent à la conversion. En effet, cette fête marque d’autre part l’entrée dans dix jours de pénitence, accordés pour se repentir, pour effectuer des démarches de réconciliation, et recevoir le pardon de D.ieu pour être inscrit au « Livre de la Vie » au jour ultime de cette décade : le Yom Kippour (« jour du pardon »).


Juste après commence une autre fête essentielle, la fête de Souccot (cabanes), dont il est par exemple question dans l’Évangile de saint Jean : « Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, Jésus y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret » (Jn 7, 10). Avec Pâques et la Pentecôte, Soukkot est l’une des trois fêtes de pèlerinage durant lesquelles, jusqu’en 70 de notre ère, les Juifs montaient à Jérusalem au Temple. Tout comme Pessah et Chavouot, Souccot a, pour les juifs, une signifcation agricole et historique. En tant que fête agricole, elle se célèbre au moment de la récolte d’automne comme fête d’action de grâces pour les bénédictions accordées par la nature pendant l’année écoulée (Ex 23,16 ; Dt 16,13). Sa signification historique apparaît dans la Bible qui l’associe à l’errance des Israélites dans le désert pendant 40 ans sur le chemin de la Terre promise ; pendant ce temps, ils vivaient dans des tentes ou cabanes. C’est pourquoi, lors des jours de Souccot, les juifs conservent l’habitude de dresser des cabanes et d’y passer de vrais séjours (Lv 23,42-43).
M
ais cette fête, comme chaque fête juive, est également orientée vers l’accomplissement de toutes les prophéties, parce que la joie de la récolte et la joie de l’entrée en Terre Promise trouvent leur sens ultime dans la joie parfaite de vivre selon la Torah, Loi de Dieu pour les hommes. L’accueil du Don de Dieu est la plus grande joie, marquée chez les juifs par la fête de Shimhat Torah (« joie de la Torah »), cette année le 13 octobre [2 octobre en 2018].
E
n souhaitant, avec quelques jours de  retard, une excellente année à nos frères juifs, laissons-nous guider, comme eux, par la Parole vivante de Dieu, qui vient habiter en nous. »
hubert.vallet@gmail.com

Hubert Vallet, initialement prêtre du diocèse de Paris, et ayant enseigné la théologie des sacrements à la faculté Notre-dame et à l’Ecole Cathédrale de Paris, après avoir été Curé de la paroisse St Jean-Paul II de Nantes, est actuellement responsable de la paroisse St Clément..  Il est par ailleurs responsable du Service de Formation du Diocèse de Nantes, et membre de l’Amitié Judéo-Chrétienne de Nantes.Vous pouvez retrouver ce texte sur le Bulletin de la Paroisse St Jean-Paul II de Nantes, à l’adresse : http://www.saintjeanpaul2.fr

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