Et oui, comme l’on dit, cette fête, c’est « le temps de notre joie (zeman sim’haténou) »
Souccot est destinée à rappeler la précarité des conditions de vie des Hébreux dans le désert durant l’Exode, et la protection divine dont ils ont bénéficié (Lv 23,34-42; Dt 16,13-17). C’est pourquoi chaque famille (ou à défaut, chaque communauté) construit une cabane où il est prescrit si possible, de vivre; ou, au moins, de prendre ses repas durant les sept jours ( huit en Diaspora) que dure la fête. La Soucca (cabane) peut être édifiée sur un balcon ou dans un jardin, à condition qu’il n’y ait pas d’écran qui la sépare du ciel (plafond, rebord d’un autre balcon, ramure d’arbres trop fournie…)
Il est d’usage de décorer la cabane de guirlandes, de fruits, de dessins d’enfants, car on y « reçoit » chaque jour, symboliquement, en « invité d’honneur », un des personnages bibliques que la tradition associe à cette fête.
Outre la Soucca, la fête est ritualisée par le Loulav, bouquet formé des « quatre espèces » : cédrat, palme (Loulav en hébreu), myrte, saule (Lv 23,40). Il figure la solidarité des enfants d’Israël, dont chacun a des qualités et des défauts symbolisés par chacune des plantes du Loulav. Durant les offices quotidiens, les fidèles vont en procession dans la synagogue, les branches dans la main droite, le cédrat dans la main gauche
(L’explication ci-dessus doit beaucoup à Anne-Marie DREYFUS : « Lexique pour le dialogue », au Cerf)
Cette année 5782 du calendrier hébraïque, la fête de Souccot est célébrée
du 21 septembre (début la veille au soir 20)
au 29 septembre 202& (fête de Sim’hat Tora)
Cette fête est appelée aussi fête des Cabanes, ou fête des Tentes, et c’est bien de cette fête dont il est question dans l’Evangile de Jean au chapitre 7. Au milieu de la fête, Jésus monte au Temple et y enseigne.
A l’occasion de cette fête, nous vous proposons deux textes, pour nous introduire dans la compréhension de ce qu’elle représente pour les juifs..
Le premier est du rabbin Adin Steinsaltz, grand spécialiste et traducteur du Talmud et qu’on pouvait entendre parfois il y a quelques années dans l’émission de Josy Eisenberg le dimanche matin sur France 2,
le deuxième est repris de Colette Kessler, militante du dialogue judéo-chrétien, décédée en 2009.
« La fête de Souccot fait suite aux « jours redoutables », les dix jours de téchouva (repentance) entre Roch HaChana et Yom Kippour. L’on passe d’une sphère bien définie et délimitée à un monde qui franchit les barrières. Ces « jours redoutables » sont en effet associés au jugement, au pardon et à l’expiation; ils se trouvent encadrés à l’intérieur de frontières et de critères précis. A Souccot, en revanche, tout s’ouvre; ce n’est pas pour rien qu’on désigne cette fête comme le temps de notre joie (zeman sim’haténou) : le propre de cette dernière n’est-il pas aussi de dépasser toutes les limites et toutes les inhibitions ? » (Adin Steinsaltz : « Introduction à l’esprit des fêtes juives » chez Albin Michel).
« … Pour Souccot, les juifs doivent construire sur les balcons ou dans les cours, des cabanes de branchages décorées de fruits et de guirlandes qui leur serviront de meures pendant huit jours. « Abandonne ta demeure fixe et que ton lieu de séjour soit une habitation temporaire » dit le Talmud. Ils y prendront pendant sept jours tous leurs repas, y étudiront la Torah, y liront, et souvent même, à Jérusalem, y dormiront… Déplacé ainsi pendant une octave de jours, chaque année, le juif est appelé à reprendre conscience de la précarité de son existence dans le désert de l’histoire, en comptant sur la fidélité de la providence divine. Le mémorial du désert, du temps des dangers, des épreuves et des rébellions devient alors le temps de la confiance, de l’union avec Dieu, le temps de la joie pure et authentique…. Le juif, appelé à se libérer huit jours durant, de tout confort matériel, peut retrouver dans le dépouillement le sens de la véritable liberté…
« La joie de la fête de Souccot, la joie de Simhat Torah (dernier jour de la fête), traduisent le bonheur profond de l’homme qui sait que sa vie est sanctifiée, transfigurée par l’accomplissement de la Torah. Cette immense joie d’une âme rendue sereine par l’absolution de Kippour. Selon un adage de nos maîtres, la joie déployée à Simhat Torah est fonction de la sincérité du jeûne, de la pénitence et de la prière au Jour du Pardon. » (Colette Kessler : « Dieu caché, Dieu révélé – Essais sur le judaïsme », Lethielleux).
Pour aller plus avant dans la signification de Souccot et de Simhat Torah, n’hésitez pas à consulter par exemple :
Sur AKADEM (campus numérique juif) : la conférence de Claude Rivline : Yom Kippour et Souccot de la joie à la joie et celle de Philippe Haddad : « A l’ombre de Dieu » (la fête des cabanes).
Il existe une coutume largement répandue qui consiste à lire le livre de Qohelet à Souccot. Peut-être avez-vous déjà lu ce livre (souvent appelé L’Ecclésiaste). Mais peut-être voulez-vous en savoir davantage. Alors, n’hésitez pas : rendez-vous ici, sur la chaîne Youtube de l’AJCF Nantes.