La fête de ‘Hanouca, fête des Lumières dans la communauté juive
est célébrée cette année de la soirée du jeudi 10 décembre
à la soirée du vendredi 18 décembre 2020.
La fête de ‘Hanouca ne figure pas dans la Torah. Elle a été instituée par les rabbins pour marquer l’inauguration du Temple (la Dédicace) après sa profanation par les Grecs qui avaient tout détruit. Cette fête marque l’importante victoire militaire des Maccabées contre leurs ennemis. Elle symbolise aussi la résistance spirituelle du Judaïsme à l’hellénisation forcée.
Mais, ‘Hanouca est aussi connue pour le miracle de la fiole d’huile qui permit aux prêtres du Temple de faire brûler pendant huit jours une quantité d’huile qui ne devait même pas suffire pour un jour (fête des Lumières).
Petite présentation
Nous sommes au deuxième siècle avant notre ère. La Judée, qui avait été conquise par Alexandre le Grand, est aux mains des Séleucides. Sa position stratégique au carrefour de l’Asie et de l’Afrique fait d’elle un enjeu vital dans la lutte entre les Ptolémées d’Egypte et les Séleucides gréco-syriens. Par ailleurs, la population subit l’influence grandissante de la culture hellénistique qui fait de nombreuses émules au sein de la jeunesse.
La menace de destruction physique et culturelle est donc contenue à grand’peine par les tenants de la tradition hébraïque. C’est à cette époque que le roi Antiochus IV Epiphane décide l’acculturation forcée des juifs. Il interdit l’étude de la Torah, la pratique de la circoncision, le respect du Chabbat. Par ailleurs, tout est mis en œuvre pour helléniser la population. Nombreux sont ceux qui prennent des noms grecs ou se marient avec des non-juives. Cette tendance se retrouve aussi parmi le clergé où des prêtres se font les complices de l’occupant pour piller le trésor du Temple.
C’est de Modine, un petit village de Judée, que le Grand-Prêtre Mattatias va lancer la révolte. Suivi par ses cinq fils dont Judah, qui sera un temps le chef militaire, la rébellion va se propager à travers toute la Judée. Les Syriens envoient des armées de plus en plus nombreuses et puissantes, mais ils sont à chaque fois défaits par les Maccabées (surnom de Judas fils de Mattatias, appliqué aussi aux chefs de la révolte puis aux 7 frères martyrs, dont parle le 2° livre des Maccabées), qui gagnent de plus en plus de terrain.
En l’an 164 avant JC, ceux-ci pénètrent finalement dans Jérusalem. Ils trouvent le Temple souillé, saccagé et pillé. Ne perdant pas de temps, ils le nettoient et le restaurent. Ils fabriquent un nouveau Candélabre, et le 25 du mois de Kislev, ils inaugurent le Temple réhabilité. (Le mot ‘Hanouca vient de la racine HNK qui signifie dédier, ou consacrer).Mais lorsqu’ils veulent allumer la Menora (chandelier à 7 branches du Temple), ils ne trouvent qu’une petite fiole d’huile d’olive pure portant le sceau du Grand-Prêtre. Elle est tout juste suffisante pour brûler un jour, alors qu’il en faut huit pour fabriquer une huile pure, conforme. Et là, Ô miracle, la Menora brûle huit jours, sans s’éteindre.
Ce miracle est célébré et remis à l’honneur tous les ans par le peuple juif à ‘Hanouca, une fête rabbinique non-chômée qui dure huit jours, pendant lesquelles, à la tombée de la nuit, chaque famille allume une bougie sur le chandelier (‘hanoukia) à 8 branches (plus une supplémentaire qui sert à allumer les autres bougies), après avoir dit la bénédiction. Puis on met la lumière à la fenêtre ou à l’entrée de la maison. On récite des prières de louanges et de remerciements. On allume chaque jour une nouvelle bougie, car « en augmentant les lumières, on augmente la sanctification » (Dr A.C. Merzbach) C’est pourquoi on appelle aussi cette fête, fête des lumières.
D’autres coutumes sont également liées à cette fête : jouer à la toupie (où sont gravées certaines lettres hébraïques), donner de l’argent aux enfants (‘Hanouka Guelt en Yddish) et manger des aliments frits dans l’huile comme des beignets ou les latkès (beignets de pomme de terre).
La fête est célébrée peu avant Noël (ce qui ne manque pas de susciter des comparaisons, notamment à cause des Lumières que l’on allume et qui, pour des chrétiens, rappellent la lumière de Dieu qui vient luire dans notre monde, Jésus).
Le « Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme » précise : « Dans beaucoup de pays de la Diaspora, ‘Hanouca revêt aujourd’hui une importance qu’elle n’avait pas dans les siècles passés : elle est devenue un substitut de la fête de Noël pour des enfants vivant dans un environnement chrétien. » Mais les cadeaux n’ont aucune signification particulière à ‘Hanouca. La raison pour laquelle on offre des cadeaux à ‘Hanouca est que cette fête tombe à peu près à la même période que Noël. La fête juive a été culturellement » écrasée » par l’obsession des gens pour les cadeaux de Noël.
Le chant le plus populaire de la fête de ‘Hanouca est sans doute : « Maoz Tsour » (Rocher puissant). Ce poème liturgique aurait été écrit au milieu du 13° siècle, au temps des Croisades. Il chante la confiance que l’homme d’Israël doit établir en Dieu à l’heure de l’épreuve. C’est un témoignage des souffrances d’Israël au milieu des nations et une hymne à l’espérance du salut qui approche. A écouter ici : https://fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/764509/jewish/Maoz-Tsour.htm
Forteresse, rocher de mon salut, il est bon de te louer.
Restaure la maison de ma prière et là
nous sacrifierons le sacrifice d’action de grâce.
A l’époque où Tu prépares l’écrasement du persécuteur en ses gémissements
Alors j’achèverai par un chant vigoureux de louange l’inauguration de l’autel.
L’Evangile de Jean fait une allusion à la fête de ‘Hanouca : « On célébrait alors à Jérusalem la fête de la Dédicace. C’était l’hiver. » (Jn 10,22). C’est bien la fête de ‘Hanouca qui est ainsi désignée, et Jean, qui se réfère beaucoup au cycle liturgique juif et qui nous avait situés, deux chapitres plus tôt (7,37), au dernier jour de la fête de Souccot (fête des Cabanes, ou des Tentes) rappelant la précarité de la vie au désert, nous achemine peu à peu vers la fête de Pésah’ (la Pâque) où le récit évangélique trouve son point culminant.
Cette année, la première bougie de ‘Hanouca va s’allumer
jeudi soir, le 10 décembre 2020 (veille de la fête).
Parler de ‘Hanouca, c’est aussi l’occasion de signaler l’ouvrage de Mireille Hadas-Lebel, vice-présidente de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, sur « La Révolte des Maccabées (167-142 avant JC) ». Vous en trouverez une présentation sur le site de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France à l’adresse suivante : http://www.ajcf.fr/spip.php?article1514
Nous vous recommandons l’écoute de l’émission de Radio Fidélité consacrée à la fête de ‘Hanouka. Maddy Verdon y interviewe Liliane Lavon de la Communauté juive de Nantes et membre de l’AJC. Ecouter le podcast : https://www.radiofidelite.com/2020/12/03/juifs-et-chretiens-en-dialogue-la-lumiere-de-hanouka/
Et il serait dommage de ne pas profiter des richesses du campus numérique juif Akadem, où l’on peut trouver de nombreuses vidéos sur la fête de ‘Hanouka. Nous vous proposons, par exemple, celle-ci qui est une présentation de la fête par le rabbin Philippe Haddad et qui est très pédagogique.